Sage-femme, la boussole des femmes enceintes et des mamans
Puisque la vie est ce que l’on a de plus précieux, chez Mama’z Yoga on considère le métier de sage-femme comme une des plus belles professions qui accompagnent les femmes durant la grossesse et après l’accouchement. Nous avons parfois une vision raccourcie de ce que font les sage-femmes au quotidien… Quand interviennent-elles/ils auprès des mamans ? Quel est l’accompagnement que les sage-femmes proposent ? Camille, Sage-femme de profession, répond ici à nos questions.
« Le métier que je ne pensais pas être pour moi m’a révélé »
Merci Camille pour cette interview. Qui êtes-vous ?
J’ai 35 ans, diplômée en 2012 de l’école de Rennes. J’ai travaillé surtout au bloc obstétrical en hôpital niveau 1, et en clinique. Je me suis finalement installée en libéral en tant que sage-femme il y a 8 ans.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir sage-femme ?
Je n’étais pas du tout branchée sur cet univers étant jeune, j’étais dans le sport. Je me suis retrouvée là presque par hasard. Après une première année sage-femme difficile tout s’est éclairé d’un coup et ça a été le début d’une passion. Le métier que je ne pensais pas être pour moi m’a révélé.
Quels sont les trois mots qui définissent le mieux votre profession de sage-femme ?
Humanité, profondeur et richesse.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier de sage-femme ?
Le métier de sage-femme « libérale » me permet la diversité et la liberté d’adapter mes soins en fonctions des besoins. Je m’adapte à chacune. Pas de protocole ni obligation. C’est un espace d’intimité privilégié avec les femmes enceintes et les mamans après l’accouchement, propice à la prise de conscience et à l’apaisement. C’est très gratifiant. J’aime faire évoluer mon accompagnement et je suis d’ailleurs en cours de Diplôme d’acupuncture, et j’aimerai me former à l’hypnose.
Pouvez-vous décrire une de vos journées types ?
Le lundi est dédié à la gynécologie de prévention, la contraception etc. Le mardi je fais des cours de préparation à la naissance en intégrant du yoga prénatal. Le reste du temps, c’est dense et variable : suivi de grossesse, rééducation périnéale, échographie, traitement des douleurs (avec de l’écoute 😉 et des pratiques ostéopathiques).
L’écoute prime au sein de mon cabinet et j’ai une approche très globale où j’essaye d’aller voir une cause, une origine à un symptôme. Durant les consultations, les patientes me confient souvent des années de leur vie 😉
« Le mammifère en nous sait accoucher depuis des milliers d'années, mais pour cela il a besoin d'un contexte rassurant. »
Comment accompagnez-vous les femmes durant leur grossesse ?
Je reçois les femmes durant leur grossesse, le plus tôt possible si elles le souhaitent car le début est parfois déstabilisant et on a besoin de soutien et de savoir où on va. Ensuite je les vois une fois par mois, et plus si besoin. Au 3e trimestre de la grossesse, les consultations sont dédiées à la préparation à l’accouchement, en groupe de 3 ou 4 femmes enceintes, où est abordé un thème théorique, et où l’on finit par de la relaxation et des postures de yoga prénatal.
Comment les mamans peuvent-elles se préparer à gérer les contractions le jour de l’accouchement et à vivre la mise au monde ?
Il y a plusieurs approches pour se préparer à gérer les contractions utérines et les cours de préparation à l’accouchement sont insuffisants pour aborder un accouchement de manière autonome et sereine. De nos jours, les femmes enceintes ont du contenu à leur disposition (livres, blogs, vidéos, etc…) pour se renseigner et amorcer une préparation par elles-mêmes. Parallèlement, le système médical français, ne soutient pas toujours l’idée qu’accoucher est naturel et cela ne créé pas un climat de confiance pour les femmes durant la maternité. Pourtant, la physiologie de l’accouchement passe par la confiance et la sérénité des femmes enceintes. La peur ne sera qu’un bâton dans les roues.
Le mammifère en nous sait accoucher depuis des milliers d’années, mais pour cela il a besoin d’un contexte rassurant. Alors la priorité est de créer ce contexte qui est la base de la physiologie. Ensuite, la sage-femme et le yoga prénatal proposent des techniques de respiration et des postures qui permettent d’orienter la conscience, respirer avec aisance et aider à l’ouverture du col. L’acupuncture et l’hypnose sont aussi des méthodes qui peuvent être utilisées en fonction de la sensibilité individuelle.
Recommandez-vous des postures d’accouchement alternatives et si oui pourquoi ?
Chaque femme et grossesse sont différentes. L’essentiel est de s’écouter et se respecter. La position gynécologique classique pour accoucher, le décubitus dorsal, n’est pas privilégiée par les femmes qui accouchent sans péridurale. Elles ont besoin de bouger et les positions à quatre pattes, sur le côté, à genoux, sont plus spontanées. La péridurale qui coupe de ses sensations n’aide pas à privilégier une posture alternative d’accouchement, mais ce n’est pas impossible si la femme s’écoute et reste concentrée sur son objectif.
Cela peut être plus rassurant d’imaginer un accouchement en décubitus dorsal car c’est ce qui est encore de nos jours des plus commun. Alors très bien si cela met en confiance les futurs parents, cependant, la naissance est un mouvement et l’immobilité n’est pas optimale durant l’accouchement.
« La rééducation du périnée ne doit pas être pratiquée comme un contrôle technique. »
Quel est le rôle d’une sage-femme après l’accouchement auprès de la maman et auprès du nouveau-né ?
La sage-femme a le rôle de s’assurer de la vitalité et de la bonne santé de la maman et du nouveau-né. Elle peut aussi accompagner la rééducation du périnée. Mais son rôle ne s’arrête pas ici car la réalité d’une maman est bouleversée par les transformations mentales, chimiques, neurobiologiques, familiales, relationnelles, sociales, etc…. Durant la maternité, la maman est vulnérable et les parents peuvent être parfois isolés. Il faut trouver un nouvel équilibre au-delà des soins médicaux. Durant la période post-partum, les sages femmes et les doulas sont donc aussi là pour apporter leur bienveillance et prendre soin du couple et de leur bébé.
Après la grossesse, la rééducation périnéale est-elle si importante ? En quoi cela consiste et quand commencer ?
Après l’accouchement, la maman est particulièrement en perte de repères avec son corps, et encore plus avec son sexe. La femme a donc besoin de soutien, de douceur, de temps pour soi et qu’on lui laisse le choix. La rééducation du périnée ne doit pas être pratiquée comme un contrôle technique. Elle est essentielle car est le moyen (pris en charge par la sécurité sociale), pour se retrouver avec soi-même, prendre conscience de son corps, de son sexe, de ses émotions et de son contexte actuel.
Selon moi, les mamans peuvent commencer la rééducation du périnée très rapidement après l’accouchement mais seulement si l’on se sent prête. Je propose une rééducation périnéale non invasive (à moins que la patiente souhaite un examen) et en synergie avec des exercices de respiration. Etape par étapes, les séances sont différentes :
- Bilan (grossesse, accouchement, moment présent).
- Relaxation pour s’écouter, ressentir. C’est parfois une découverte de son propre corps.
- Prise de conscience de l’ensemble du corps debout et en marchant, avec un focus sur le périnée. Si la femme a des symptômes d’incontinence on s’aide des outils-réponses.
- Mobilité abdominale.
« Le yoga prénatal et le yoga postnatal préparent le corps pour la grossesse, l'accouchement et la période post-partum. »
Quel(s) conseils précieux donneriez-vous à la maman et son accompagnant(e) pour bien vivre la maternité ?
- Ouvrir les portes à l’inconnu et au changement.
- Ne pas camper un personnage mais accepter d’évoluer.
- Ne pas juger et se libérer des stéréotypes. Vivre sa propre expérience.
- Garder en mémoire qu’u regard d’une vie, ces moments sont courts.
- Communiquer avec soi, son/sa conjoint(e), avec son bébé, ses proches et les professionnels de santé.
- Développer la conscience de soi et de son corps, et mettre de la mobilité dans son corps et dans sa tête
Que pensez-vous des cours de yoga prénatal et des cours de yoga postnatal ? Les recommandez-vous ?
Je dis oui, oui et mille fois oui. Le yoga prénatal et le yoga postnatal préparent le corps pour la grossesse, l’accouchement et la période post-partum. Ils augmentent la conscience de soi et de l’instant présent, et procurent de la sérénité durant toute la maternité. Ils soulagent les éventuelles douleurs. Ils préparent un chemin lumineux. Je le recommande à toutes les mamans, même celles qui pratiquent un autre sport, ne serait-ce que 1 minute par jour, c’est déjà bénéfique. Un véritable cadeau de grossesse et de naissance pour chouchouter les mamans durant la maternité.